Le projet P’Art’Âge

Ce projet a pour but de créer une dynamique à l’échelle d’un établissement, tout en œuvrant pour la préservation de l’autonomie des personnes âgées. Axé sur le maintien des fonctions cognitives durant les ateliers, il met les résidents, les soignants et l’entourage au cœur de la construction d’une réalisation collective.

Le versant artistique du Projet P’Art’Âge réside dans la création d’une fresque murale au sein de l’établissement (intérieur ou extérieur), avec le concours des résidents, ayant pour but, entre autres, de favoriser la communication et la réflexion collective.

D’où vient cette idée ?

Dans un contexte où l’isolement des personnes âgées en institutions est de plus en plus présent, et majoré par la crise sanitaire que nous traversons, le Projet P’Art’Âge a pris tout son sens. Il est né de ma volonté de continuer à faire du soin auprès des populations qui en ont le plus besoin, tout en y apportant une dimension artistique, humaine et participative.

C’est dans ce sens qu’il a reçu le soutien de la Conférence des Financeurs de la Loire pour l’année 2021, dans le cadre de la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées. Grâce à cette aide, il a pu être mené au sein de 2 EHPAD :

La résidence Bel Horizon de Saint-Etienne
et la MRL (Maison de Retraite de la Loire) à Saint-Just Saint-Rambert.

Il est important de souligner que pour l’aider dans ce démarrage et accréditer cette action, le Gérontopôle AURA est en charge de l’évaluation de cette expérimentation afin d’en étudier les freins, les leviers, et envisager l’essaimage de cette action.

Le Projet P’Art’Âge, qu’est-ce que c’est ?

Né d’une envie de créer une nouvelle manière d’apporter du soin et du bien-être dans les institutions accueillant des séniors, en alliant sciences cognitives, soins infirmiers et pratiques artistiques, le Projet P’Art’Âge découle d’une réflexion autour de la mise en place d’une réponse pertinente et adaptée aux besoins spécifiques d’un public vieillissant, tout en se voulant novateur quant à la manière dont le soin et le bien-être peuvent être apportés au sein des institutions.

En effet, dans un contexte général particulier, l’émergence de nouvelles thérapies non médicamenteuses est un enjeu majeur pour répondre au mieux aux nouveaux besoins des personnes âgées. Ce projet allie donc soins infirmiers, sciences cognitives et pratiques artistiques mais il œuvre également pour la favorisation des liens sociaux et l’amélioration de la qualité de vie. Il offre aux résidents la possibilité d’investir concrètement leur lieu de vie et d’y laisser leur empreinte.

Quand l’artiste rencontre l’infirmière

Riche de mon expérience de soignante, tant avec les personnes âgées qu’en psychiatrie ou dans le domaine du handicap, j’ai alors voulu offrir une autre manière d’apporter du bien-être, de l’écoute, mais surtout d’apporter une nouvelle forme de prise en charge basée sur le maintien des capacités cognitives des résidents en institution.

Car en effet, être à la fois artiste et infirmière m’offre certains avantages. Outre la connaissance du fonctionnement des institutions et des établissements en interne, mes aptitudes soignantes et mes compétences de terrain me confèrent les aptitudes nécessaires pour travailler auprès des séniors, dans le respect des protocoles avec bienveillance et humanitude.
Tous ces éléments qui sont aujourd’hui au cœur de mon projet et mes outils pour agir au quotidien auprès des résidents avec le Projet P’Art’Age.

Ce dernier a donc pour objectif d’expérimenter et d’évaluer, un projet novateur et créatif dans les établissements accueillants des séniors afin de favoriser le maintien des capacités cognitives et le lien social. Il permet aussi d’impliquer le résident et son « écosystème » au sein de la vie de l’établissement et de favoriser les échanges intergénérationnels.

Concrètement, le Projet P’Art’Âge, ça se passe comment ?

En amont, il y a une présentation du projet à tous les acteurs de l’établissement. En effet, ma volonté de départ est de pouvoir initier une dynamique collégiale mêlant les résidents, bien évidemment, mais aussi les personnels soignants, l’équipe administrative et s’ils le désirent, les membres des familles.

Par la suite, des ateliers sont organisés à un rythme défini. Ils sont pensés pour être réalisés dans des lieux dits « de passage » au sein de la résidence, afin que chacun puisse s’arrêter à sa guise et participer à sa mesure. L’étayage de l’équipe de la structure me permet d’offrir un réel suivi en termes d’évaluation et de mises en place d’outils de remédiation adaptés et individualisés pour les résidents qui participent.

Utiliser la remédiation cognitive pour préserver l’autonomie

Ces ateliers sont donc axés sur le maintien des fonctions cognitives, par le bais d’un travail autour des capacités amnésiques et langagières, mais aussi au niveau des capacités organisationnelles et de projection, que ce soit dans l’espace ou par le biais de la stimulation de l’imaginaire. Le travail en groupe permet également de créer une synergie intéressante et de favoriser l’écoute, la bienveillance et le partage entre les résidents.

Remettre le résident au centre de la vie de l’établissement

En effet, les résidents sont au cœur et à l’origine de chaque projet. En fonction de leurs inspirations et de leurs idées, je les accompagne durant le processus de création en leur laissant champ libre.

Durant les ateliers, nous recherchons ensemble la « thématique » qu’ils veulent donner à la fresque, et ensuite les éléments qui vont la composer. Il leur faut aussi réfléchir à la mise en cohérence de ces divers éléments, participer activement à la recherche d’images qui serviront de modèle et s’adapter aux contraintes du « terrain » (le lieu choisi pour la réalisation de la fresque) afin de voir comment nous pouvons agencer cela de manière concrète.
Si les capacités praxiques des résidents le permettent, la réalisation de l’esquisse du projet peut aussi être faite durant ces ateliers.

La Fresque : un moment de création dynamisant et collectif

La seconde partie du Projet P’Art’Age se fait via la réalisation même de la fresque, que ce soit en intérieur ou en extérieur. S’agissant de réalisations conséquentes (fresque pouvant mesurer plusieurs m2), la durée d’action au sein des établissements s’étale sur une temporalité plutôt longue.

Durant cette période, des temps sont pensés pour que les résidents et les membres des équipes puissent participer et peindre eux-mêmes la réalisation qu’ils ont créée et ainsi, donner vie à ce qu’ils ont imaginé durant les ateliers. De cela, les personnes âgées vont pouvoir retirer une gratification certaine ce qui va forcément induire un renforcement positif de l’estime de soi et de surcroit avoir un impact certain sur le maintien de leur autonomie. En effet, un contexte émotionnel positif majore le bénéfice du travail réalisé durant les ateliers.

Dans cette même optique, afin que le résident ne se sente pas en difficulté, et dans l’idée de s’adapter aux capacités de chacun, d’un point de vue praxique ou en termes d’acuité visuelle, l’utilisation de pochoirs créés sur mesure et spécialement pour la création est prévue.

Avec le Projet P’Art’Age, il y a aussi une volonté de ma part d’offrir aux résidents une prise en charge qui s’inscrit dans une certaine temporalité. Le but étant de ne pas créer un surinvestissement puis un vide, mais bien d’offrir un projet où chacun, usager comme soignant, peut trouver le temps de s’inscrire et de se l’approprier.

Le fait d’être présente sur des journées complètes offre la possibilité d’avoir de grands moments d’échanges, tant avec les résidents, qu’avec les différents acteurs qui participent à la vie de l’établissement.

Et après, qu’est-ce qu’il se passe ?

La « fin » du Projet P’Art’Âge est marquée généralement par un vernissage et une présentation du travail réalisé par les résidents. Cependant, il est difficile de parler de finalité car des réflexions sont apportées tout au long du processus de création, avec le concours des équipes, pour voir comment continuer à faire vivre la fresque et à travailler autour de cette dernière.
De plus, vous pouvez suivre toute l’évolution du projet et le travail réalisé avec les résidents, sur mes pages Facebook (@Coli’Brille) et Instagram (@coli-brille) avec le #projetpartâge2021.

La visibilité offerte par les réseaux sociaux a pour but, de communiquer autour de l’action mais aussi de participer à lutter contre les idées reçues au sujet des personnes âgées, en particulier celles vivant en institution et ainsi lutter contre l’âgisme.

Le Projet P’Art’Âge aujourd’hui

Aujourd’hui, le Projet P’Art’Âge prend doucement son envol. En plus d’être demandé par d’autres EHPAD, il est en lice pour les Défis D’Or 2021 dans le cadre de « l’accompagnement des fonctions cognitives ».

Les Défis d’Or ont lieu dans le cadre du congrès national Défi Autonomie qui aura lieu les 8 et 9 Novembre 2021 à Saint-Etienne.

Et fort de son succès et de son approche innovante, il y a de grandes chances pour que le Projet P’Art’Âge ait des petits frères à la rentrée dans le cadre de projets à visée intergénérationnelle.

Je vous en dis plus très bientôt ; -)